MUES

En 2001-2002, Aline Ribière travaille pendant trois mois, dans le domaine d’Abbadia (« Nekatoenea ») à Hendaye (Pyrénées Atlantiques), en résidence artistique. Elle récolte au bas de la falaise les algues rouges (le gelidium) du violet foncé au rouge vif ; le vert et le blanc-beige interviennent. Puis elle crée trois Mues (2001-2002) en gelidium. Rouge et brun foncé, la première Mue donne l’impression d’un cuir, d’une peau momifiée ; les ramifications des algues accolées serpentent en veinules et peuvent évoquer parfois des plumes. La deuxième Mue est une résille aérée et ramifiée d’algues très rouge, étalées prises entre deux feuilles de PVC le plus fin : une robe de bal, troublante, comme un réseau sanguin. La troisième Mue, gigantesque, « buissonneuse », hérissée, sauvage, ressemblerait à une toison animale, à une fourrure, acajou auburn.
La quatrième Mue est faite de grosse algues vertes, longues et charnues (les codiums), macérées quelques jours dans l’eau, entremêlées, pétries en une boue verte séchée.
La cinquième Mue est formée de laitues de mer, ramassées dans les vasières à l’embouchure de la Charente. Pour être solidifiées, les laitues ont été badigeonnées à l’intérieur avec une colle pigmentée de rouge. Alors, le rouge s’étale et coule par endroits extérieurement au milieu du vert. L’enveloppe semble saigner : la peau des martyrs ou le sang des règles. Cette Mue est une fleur de sang.

Gilbert Lascault.

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