Jacqueline Salmon est née en 1943 à Lyon,
elle vit aujourd'hui à Paris
Dès 1950, elle habite dans la région parisienne. Bac philo, puis préparation de l'École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs à l'Académie Charpentier et à la Grande Chaumière. Elle choisit l'architecture intérieure, mais son séjour à l'ENSAD sera bref, elle a rencontré Pierre Salmon qui sera le père de ses deux fils et préfère très vite s'inscrire à la Sorbonne où elle étudiera l'histoire contemporaine et la littérature. Parallèlement, elle continue l'architecture intérieure à l'École Nationale Supérieure des Arts Appliqués et elle enseigne la danse.
Elle réalise quelques décors de théâtre, quelques expositions à thème historique, puis elle quitte Paris, et s'installe dans la campagne beaujolaise où sont aujourd'hui ses archives et son laboratoire de tirages argentiques.
Pendant quelques années, elle consacre sa vie à la musique, à la botanique, et à l'éducation de ses deux fils en lisant beaucoup et en écrivant un journal. "Passé composé" et "Futur antérieur" sont les deux volumes qui s'élaboraient simultanément dans le souvenir et dans l'imagination du futur, à partir des instants vécus dans le présent.
En 1973, un accident d'équitation bouleverse sa vie. Elle est déclarée décédée…
Incapable de vivre sa vie d'avant, elle se sépare de son mari pour imaginer une vie nouvelle avec un ami de toujours, Jean-Jacques Romagnoli, passionné de photographie et d'écriture. S’ensuit une vie de projets littéraires et de rencontres. Elle cherche du travail et entre comme vendeuse à la libraire La Proue à Lyon. Ils s’installent, désargentés pour longtemps, dans un bel appartement demi-abandonné où le grand père de Jean-Jacques Romagnoli s'était suicidé 30 ans auparavant : 4 rue Juiverie, l’hôtel Paterin construit pour recevoir François Premier à Lyon, devenu insalubre. Commence une longue période de peu d’énergie d’où ses amis danseurs et chorégraphes la sortiront en lui demandant de faire pour eux des photographies. Elle emprunte le Nikon de sa mère. Tandis qu’autour de Jean-Jacques Romagnoli et de Robert Luc son ami photographe se réunissent Yanig Hedel, Raymond Viallon, Jacques Damez et Catherine Dérioz, qui allaient fonder les deux galeries lyonnaises.
Elle est alors devenue administratrice d'une compagnie de danse, puis directeur artistique d’une grande imprimerie parisienne. Jean-Jacques Romagnoli lui offre un stage avec Robert Luc en 1979. Découvrant un mode d'écriture privilégié, elle décide en 1981 de se consacrer exclusivement à la photographie et renoue ainsi avec ses études et ses centres d'intérêt.
Les relations qu'entretiennent l'Histoire, l'Architecture, et l'Art en général avec la Philosophie seront dès lors au centre de ses préoccupations. Saint-Jean le temps d'un échafaudage (1981) présenté à Bordeaux à Montpellier et à Lyon, est le début d'un longue série sur les chantiers d'architecture utilisés comme métaphore autobiographique.
Toujours en 1981, la rencontre avec Aline Ribière qui se fera au tout début de son parcours et du sien, sera à l'origine d'une longue série de travaux en dialogue et de sa première vidéo en 2004. En 1884, la Mission du patrimoine photographique lui passe au sein de la campagne Objectif - Monuments une commande sur le couvent de Le Corbusier, qui sera exposée au Palais de Tokyo pour le centenaire de l’architecte en 1988. La même année elle rencontre Jean-Louis Schefer à Lyon, et l’énergie qu’il lui donne en écrivant sur la série 8 rue Juiverie, va la convaincre qu’elle peut et doit continuer à faire des images photographiques. C’est alors qu’elle plonge dans l’étude de l’histoire de ce genre qu’elle ne connaît pas et réalise la série Égypte, afin d’y prendre racine. En 1987, elle fonde avec Jean-Jacques Romagnoli, l'association Photographie d'Auteur au sein de laquelle elle est responsable des éditions et des commissariats d'exposition. De nombreuses invitations pour des conférences en Europe de l’Est lui permettent de rencontrer Robert F. Hammerstiel alors tout jeune photographe et de vivre une relation qui la conduira à travailler à Vienne (Autriche) et à monter l’exposition Antagonismes - 30 ans de photographie en Autriche. L'exposition sera créée au Centre National de la Photographie alors dirigé par Robert Delpire, accompagnée d'un catalogue dans la collection PhotoCopies; puis remaniée en deux parties successives au Musée de l’Élysée à Lausanne en 1996. Jacqueline Salmon avait précédemment participé à l’aventure de Jean-Marie Lecomte et du Mai de la Photo à Reims en étant responsable de l’édition 1991, en grande partie dédiée à la photographie polonaise.
Traboules Blues, parcours promenade sur les pentes de la Croix-Rousse, grand spectacle urbain de projections pour la fête des lumières (I989) est sa première recherche sur la relation du portrait et de l'architecture qui sera le sujet du projet Entre centre et absence pour lequel elle a obtenu le prix de la Villa Médicis Hors les murs en 1993. En janvier 2016 , avec l'exposition 42,84 km2 sous le ciel, à l'Hôtel des Arts de Toulon, elle explore à nouveau la ville et son identité à travers sa population.
De 1986 à 2008 elle eu de nombreux projets au Canada, expositions, publications, interventions universitaires, conférences et particulièrement au Banff Center for the Art en Alberta ou elle était invitée en 1994 (série In Deo) et au centre d'art Vu à Québec où elle a été invitée en 2007 et réalise Géocalligraphies, suivie par le temps qu'il fait/ le temps qu'il est en résidence à la Maison des Arts Solange Baudou à Evreux, et de Du vent, du ciel et de la mer, pour le MuMa, Musée André Malraux au Havre, séries sur la représentation du paysage accompagnées de catalogues importants.
Elle est nommée Chevalier des arts et des lettres en 1998.
Elle épouse Jean-Christian Fleury en 2001, après qu’ils eurent écrit les entretiens du livre Entre centre et absence édité chez Marval.
Elle était entrée en 1989 à l'agence Archipress, crée par Françoise Morin et Stéphane Couturier au moment de sa fondation. De ce fait, son fonds photographique, architecture et portraits, était diffusé par Artedia, et aujourd'hui par Leemage, et elle faisait partie du groupe de photographes de l'association Ville ouverte, puis de Les douches, la galerie qui lui succède.
C'est ainsi que de 2004 à 2013 Françoise Morin a périodiquement assuré avec elle la direction artistique et la programmation du Festival Urbi & Orbi de Sedan.
Elle a enseigné sa pratique à l'Université Paris VIII, ponctuellement dans des écoles d'art, régulièrement aux écoles d'architecture de Saint Etienne et de Lyon. Elle a donné chaque année un stage d'une semaine à l'école Image-Ouverte de Serge Gal à Clarensac, et continue à donner des conférences ou à diriger des workshops ou des ateliers, dans des milieux souvent difficiles, collèges de ZEP, classes de SEGPA. Depuis 1979 où elle a participé à un premier festival à Lyon organisé par le Collectif Lyonnais d'Action Photographique présidé par Robert Luc, à aujourd'hui où elle vit et travaille à Paris grâce à l'attribution d'un atelier du Ministère de la Culture, la photographie est devenue pour Jacqueline Salmon une manière de vivre, d'écrire, de s'intéresser aux autres, une manière aussi de prendre la parole et de déplacer les questions sociales dans le champ de l'art. En bref, creuser la question de la représentation du monde géographique et politique avec un outil qui la passionne parce qu'il ne cesse d'élargir ses possibles.
La galerie Michèle Chomette a représente son travail à Paris jusqa'à sa fermeture fin 2018, la galerie Mathieu à Lyon jusqu'à sa fermeture fin 2019.
Son prochain projet d'exposition personnelle à Paris sera à la galerie Eric Dupont.