La vallée de la Maulde ou l’envers de l’eau
Centre d’Art Contemporain de Vassivières, 1996
Je crois que l’artiste ne peut pas prétendre à mieux que d’éterniser le moment conjoint de la chose et de lui.
Francis Ponge
Chemins, enclos, plantations, hameaux… Des traces sont inscrites dans le fond du lac vide, on peut les recenser, les noter comme je l’ai fait avec l’appareil photographique. L’important est ailleurs. Il est dans ce qui se pense, se réfléchit, se reconnaît, au cours de la promenade difficile où le corps et le regard s’épuisent, dans l’interrogation de l’être face au vide, à l’absence, au sens symbolique du retrait des eaux. Il y a là comme un effet de catastrophe, mais passée, apaisée, acceptée. De quelle nature est cette confiance assurée par peu d’effets, peu de couleurs, mais des rythmes, des dessins, des structures délicates ? Le regard se perd dans la mémoire et les lointains de la peinture renaissante : une rivière serpente, un petit pont raconte l’histoire des hommes dans le paysage, des collines modulent l’espace, l’adoucissent. On est face à un répertoire, un vocabulaire, dont on ne maîtrise pas le sens, face à l’évidence de l’adéquation du lieu à un monde mental.
J.S.