Propos sur le théâtre dans Berlin réunifiée
projet pour l’agence Archipress, Paris 1995
" La question culturelle à Berlin sert de révélateur. la ville ne bénéficie plus du statut symbolique du temps de la partition et elle n'est pas encore la capitale de l'Allemagne"
Brigitte Salino, Le Monde 10 3 95
3 opéras, 2 music-halls, 21 théâtres subventionnés, la ville multipliée par elle-même, ou plutôt par son double antagoniste, est obligée de faire des choix. A l'ouest une maison historique comme le Schiller Théâtre, équivalent de notre Comédie Française, ferme puis rouvre sans troupe pour ne plus être qu'un lieu d'accueil. A l'est L'immeuble mythique du Berliner ensemble, offert à Brecht en 1949 est aujourd'hui revendiqué par la famille juive qui en était le propriétaire expulsé dans les années 20. A l'ouest La maison des cultures du monde, offerte par les américains dans les années 50, lieu de manifestations de caractère international, fermée, puis rouverte est l'objet des convoitises du gouvernement qui voudrait en faire le siège de son parlement . A l'est où les loyers sont moins chers, de nouveaux lieux s'ouvrent dans des architectures superbes: manufactures, brasseries. Ils deviennent les nouveaux lieux "branchés"des jeunes intellectuels Berlinois. Dans cette situation très particulière et emblématique d'un moment charnière entre deux états de la ville , je trouve matière à continuer ce travail commencé en 1981, et dont le sujet privilégié est le traitement de la mémoire des lieux, dans l'instant où leur usage est remis en question voir définitivement dénaturé. Le théâtre à Berlin, aujourd'hui, se met en scène dans des lieux "décalés" ou menacé, et ce cet instant charnière dans l'histoire de la ville, il faudra se souvenir, car il met en évidence l'ensemble des problèmes urbains, politiques et économiques qui auront été ceux de la ville ,cinq ans après sa réunification.
Jacqueline Salmon, Charnay 17 juin 1995