Caroline Dubois

Le vent, le ciel et la mer de Jacqueline Salmon au musée du Havre

in: Connaissance des arts, 30 janvier 2017

visuel connaissance des arts / du vent, du ciel et de la mer

Jacqueline Salmon, Panorama du port du Havre, matin, carte des vents, 2016, épreuve pigmentaire, dessin à l’encre de Chine, contrecollage sur Dibond, 82 x 300 cm ©Jacqueline Salmon.


Jusqu’au 23 avril, le MuMa présente 160 œuvres photographiques de Jacqueline Salmon réalisées ces dix dernières années autour du vent, du ciel et de la mer.
Cette année, le musée d’Art moderne André Malraux consacre à Jacqueline Salmon une exposition monographique, faisant écho à la grande rétrospective d’Eugène Boudin organisée par ce même musée l’an dernier. Jacqueline Salmon a choisi de dialoguer plus intimement avec l’artiste paysagiste. Dans le Ciel noir avec Boudin (2016, MuMa), la photographe lyonnaise met en corrélation son cliché avec les paysages d’Eugène Boudin. Elle s’immerge dans l’univers du peintre, en tentant de déterminer la date précise d’exécution de ses tableaux, telle une météorologue. Comme Boudin, Jacqueline Salmon plante son chevalet dans l’estuaire de la Seine et tente d’emprisonner des moments fugaces du ciel et de la mer. Les réminiscences de Boudin dans ses clichés s’accompagnent également de celles de Constable ou Turner. L’artiste s’approprie l’image de quelques-uns de leurs tableaux et dessins, créant ainsi des œuvres composites inédites et formant une continuité aux recherches de ces novateurs. De plus, ses photographies, mettant en exergue l’aspect éphémère des vagues, ne sont pas sans évoquer les peintures de Gustave Courbet. À l’intérieur même de l’exposition, la série Vagues réalisée entre 2012 et 2016 ou La Vague de Courbet, 57 variations sur internet entrent ainsi en dialogue avec La Vague de Courbet (1869, MuMa). Mais c’est du Havre aussi que Jacqueline Salmon souhaite parler avec ses images. Port de départ d’expéditions scientifiques, dont les réserves du musée conservent des témoignages inattendus, il la ramène à d’autres paysages parcourus, d’autres estuaires lointains. L’exposition se construit autour du souvenir de ces voyages. Elle réunit quelques travaux plus anciens de Jacqueline Salmon et de nouvelles pièces spécialement créées pour l’occasion, mais aussi une sélection d’objets « à réaction poétique » glanés dans les réserves, dans une scénographie conçue par l’artiste. Cette dernière était déjà représentée au MuMa dans l’exposition « Les nuages… là-bas… les merveilleux nuages » en 2009-2010 puis l’année suivante dans « Les territoires du désir ou les métaphores d’un musée imaginaire. »