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Lien : La Nuit rêvée de Jacqueline Salmon Par Albane Penaranda

Les archives du programme de sa Nuit rêvée, Jacqueline Salmon les a choisies avec beaucoup de soin. À leur écoute, nous reconstruisons avec elle son histoire de photographe. Une histoire commencée à Lyon dans les années quatre-vingt et, on peut le dire, par accident. En 1973, à la suite d'un grave accident d'équitation, Jacqueline Salmon fut déclarée morte. Ressuscitée, mais le corps longtemps brisé, commençait alors pour elle une nouvelle existence, de laquelle la photographie allait bientôt devenir le centre. Ce choix de la photographie, elle dit l'avoir fait peut-être par timidité envers les mots. Durant cette Nuit, elle nous dit ce qu'ont d'intimidant les mots, que n'ont pas les images. Si dans la première partie on croise quelques-uns de ceux, artistes, intellectuels, qui ont accompagné son histoire, c'est à des lieux, des territoires, des architectures que s'intéresse la deuxième partie. En cela, d'une certaine manière, la Nuit rêvée de Jacqueline Salmon prend à contre-sens sons parcours de photographe. En effet, avant d'aborder le portrait, avec notamment certains que nous entendons durant cette Nuit, elle a longtemps photographié des lieux vides de toute présence humaine, "par timidité envers les corps" dit-elle. Vides de toute présence humaine ? Rien n'est moins vrai au fond, car quand les corps en sont absents, ses représentations photographiques sont toujours peuplées, chargées des émotions des histoires humaines qui s'y sont jouées ; qu'il s'agisse des prisons de la Santé et de celle de Clairvaux… du couvent Sainte-Marie de La Tourette, de la villa Noailles, d'un hangar de Sangatte, ou de la Saline Royale d'Arc-et-Senans.  "Des hommes voués à mourir, des lieux précaires comme les ruines ou les chantiers : c’est bien pour cela que la photographie a été inventée pour qu’ils ne disparaissent pas complètement, pour que leur image circule le plus longtemps possible.