Michel Nuridsany

Dialogue de l’ombre

Dialogues de l’ombre, Paris-musées, 1997

Soit une petite sculpture de Christophe Loyer, toujours la même, représentant vaguement un pompier que Jacqueline Salmon, pour la photographier, couche ou dresse et tourne ensuite sous les angles les plus divers.
D’ordinaire le photographe s’emploie, par le jeu des lumières croisées, diffusées par les projecteurs, à dissiper les ombres parasites, restituant ainsi toutes sa présence à l’objet.
Jacqueline Salmon, au contraire, va favoriser l’émergence de l’ombre qui apparaîtra comme un prolongement de l’objet jusqu'à se confondre parfois avec lui, répandant autour de lui, des formes qui sont lui et chaque fois différentes, révélant toutes les potentialités de cette sculpture. Étrangement, ces ombres délicates avec leurs pleins et leurs déliés évoquent l’encre mêlée d’eau de la calligraphie et les haïku :

Un piège à poissons
Son ombre dentelée
Nuit de lune.