Jean Gabriel Cosculluela

La lumière n'oublie pas

Groupe d’Art Contemporain, Annonay, 1997

Rien n’est simple d’un lieu de prières et de peines, où la vie n’a rien d’autre que la vie qui se retire. Une chambre précaire reste à la photographe, où le regard se retire à côté d’un lieu retiré. Être à côté dans les repentirs du regard.

Le lieu se donne à voir sans l’écho des visages et des corps. Il n’y a rien de trop, ni personne, dans cet espace clos, vide. Il n’y a que l’attente.

La photographe fait une photographie où il ne se passe rien. Il n’y a que l’ invisible attente et les yeux.
“Fermer les yeux, c’est faire parler l’image dans le silence” (Roland Barthes)

Àl’extrême pointe du regard, la photographe se tait. Comme rarement, son regard se tait. À tâtons, la lumière n’oublie pas.

La mémoire abuse trop souvent de la photographie. La photographe rappelle ses yeux à l’attente, aux repentirs, à la lumière, à l’invisible peau de la lumière.

“La lumière éclaire le chemin qui mène au temps” (Pierre de Fenoyl)“

C’est toujours au présent finalement que se conjugue l’oubli” (Marc Augé)

Dans l’espace clos, vide, la photographe porte un paysage essentiel, un pays réel: la lumière. La lumière porte le retrait, non l’enfermement, non l’isolement. Dans le retrait, la lumière se tient dans le trop d’oubli -il n’y a rien de trop dans l’oubli, semble dire la photographe-, dans les figures de l’oubli. À l’extrême pointe du réel, nu, dépouillé, la photographie touche à la peinture. Où il y a des traces d’effacement, de mort proche, de destruction, la photographie, comme la peinture, se risque à la reconnaissance de l’oubli. La photographe se risque ainsi au présent.

L’intérieur des prières ou des peines est pauvre. Chaque photographie est un serrement d’yeux et la lumière n’oublie pas. La photographe rappelle l’oubli: c’est la seule couleur du présent.