Quang Tri Trän Diep

Focus Vivendi Premiere

clinique de Monplaisir, Lyon 1990

FOCUS VIVENDI PREMIERE

Contrastées, les oeuvres de Jacqueline Salmon, prennent à contre-pied avec une infinie tendresse, l’unité du corps. À capter ces mains quasiment sculptées par l’objectif, c’est toute une iconographie des replis, une multitude de lignes qui est ici convoquée. Images de « madone » au souffle coupé, tendues en arc de cercle, d’une beauté qui n’a rien à envier à Goya, période de la marquise de la solona . Sauf qu’ici l’incarnat passe moins par le moiré des drapés laissant juste entrevoir une statuaire symbolique que ces extrémités ridées d’un corps presque gisant, saisi au vol dans sa posture d’abandon. On se surprend à ne pouvoir qu’imaginer le portrait qui aurait pu donner une identité à ce mouvement ondulatoire facilement assimilable à une courbe de la doucine. Ses photographies prennent dès lors l’allure d’une architecture pré-baroque et proportionnent ses motifs en volutes, visibles sur ce contact entre une main déliée et un front plissé. Nulle douleur ici n’est évoquée dans la tension de l’acte même des yeux contractés, seulement des lignes comme en suspension tracées à la manière d’un Paul Klee à la tendre détrempe. L’art de happer l’apaisement dans l’instant est admirablement rendu Par Jacqueline Salmon. A l’instar de l’ « unique trait de pinceau » de Shih t’ao-assumant les qualités d’un paysage et d’une nature révélés – d’abord considéré comme une Vertu et un silence. Saisir des visages dans leur mouvement en repos, tout en pointillés, telle est la gageure de Jacqueline Salmon. La sensualité sinueuse de ses portraits, tantôt appuyés, tantôt denses, s’anime et se prolonge à travers la restitution « réelle » de traits modelés d’une rare fluidité.

Quang -Tri Trân Diêp 1990