Saint Jean le temps d’un échafaudage

La Manufacture, Lyon 1982

La nuit du 31 décembre 1981, au cours d’une longue déambulation dans la ville, nous découvrions Jean-Jacques Romagnoli et moi l’imposante structure éphémère de l’échafaudage de la primatiale Saint-Jean. Construction parfaitement ordonnancée, ses proportions portaient au rêve et témoignaient de l’ambition humaine. Aux lumières du soir, elle semblait une plateforme de lancement pour on ne savait quel astronef. Aux lumières du matin, une vaste embarcation. Parfois, je voyais là, réalisée, une de ces villes nouvelles, projets pour l’an 2000 des architectes de mes vingt ans.
Travailler sur ce chantier était un privilège : être le témoin, l’archiviste d’un moment d’histoire, à la charnière des temps passés et à venir. Comme si l’on pouvait rajeunir, il s’agissait là de défier le temps.
Une multitude de gestes pour perpétuer le passé, investir le futur.
Je me surprenais à constater que telle était ma vie : à la poursuite des bonheurs déjà vécus.
Je m’interrogeais : quelle peur de l’inconnu ? Quelle lutte acharnée contre le vieillissement…

J.S.